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Cuba (1961)

-1961– Cuba. Armés et entraînés par la CIA, plus de mille exilés cubains débarquent dans la Baie des Cochons avec l'espoir de provoquer une rébellion contre le gouvernement castriste. Ce gouvernement est alors très populaire, le soulèvement n'a pas lieu et les mercenaires sont rejetés à la mer. L'embargo américain qui frappe Cuba depuis le début des années 1960 dure encore. (Frédéric Cotton: Chronologie des interventions américaines)

Fidel CASTRO led a rebel army to victory in 1959; his iron rule has held the country together since then. Cuba's Communist revolution, with Soviet support, was exported throughout Latin America and Africa during the 1960s, 1970s, and 1980s. The country is now slowly recovering from a severe economic recession in 1990, following the withdrawal of former Soviet subsidies, worth $4 billion to $6 billion annually. Cuba portrays its difficulties as the result of the US embargo in place since 1961. Government type: Communist state (The CIA World Factbook 2003)


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Les contre-révolutionnaires cubains, qui ont été armés, antraînés et transportés par la CIA, débarquent en avril 1961 dans la baie des Cochons. Ils échouent lamentablement. Kennedy assume avec courage la responsabilité de l'échec, bien que les plans de l'opération aient été préparés sous la présidence d'Eisenhower. (AK 468)

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Catherine Durandin: La CIA en guerre

Sans doute la première difficulté dans le pro
cessus de réalisation de ce débarquement tient-elle au fait que celui-ci fut conçu par Eisenhower, décidé dans son principe le 13 janvier 1960, avec Allen Dulles. Kennedy hérite donc sans passion de cette affaire, et il donne par la suite l'impression qu'il veut la régler au plus vite. (...) Les premiers guerilleros cubains préparés pour le futur débarquement sont entraînés dans un camp de la zone du canal de Panama, le Jungle Warfare School, dans les dernières semaines de 1960.

Kennedy, en pleine maîtrise du dossier, en mars 1961, envisage un plan «Brigada», environ 500 hommes, des tanks, des bateaux, une couverture aérienne. (...)

Sur le plan strictement technique et militaire, selon la plupart des analystes, l'affaire était jouable. Mais, en refusant de donner l'ordre, au second jour de l'attaque – le 17 avril – d'une seconde frappe aérienne, le président Kennedy a bloqué la possibilité de progression des troupes au sol. (...) Il n'aurait pas compris non plus (...) qu'il ne faillait pas compter sur le renfort d'un soulèvement populaire anticastriste à l'annonce du débarquement des forces alliées.

Les ouvertures successives d'archives, la publication notamment du rapport de Lyman Kirkpatrick, réalisé à la demande de Kennedy et achevé en septembre 1961, ne confirment pas cette interprétation qui accuse la faiblesse présidentielle. (...) Inspecteur général pour la CIA, Kirkpatrick conclut à des erreurs qui sont imputables à l'Agence. Le rapport Kirkpatrick a été versé aux archives nationales en juin 1998 et a soulevé de nombreux commentaires de presse. (CD 116-118)

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Robert McNamara: In Retrospect. The Tragedy and Lessons of Vietnam

Au début de l'année 1960, l'administration Eisenhower avait donné mandat à la CIA d'organiser et d'armer secrètement en Amérique centrale une brigade de 1400 exilés cubains, afin qu'elle envahisse Cuba et renverse le régime de Fidel Castro. Celui-ci avait pris le pouvoir sur l'île l'année précédente et paraissait conduire Cuba au sein de l'orbite soviétique. L'administration Kennedy hérita du projet et permit à la planification de l'invasion à poursuivre.

A présent, moins de 90 jours après son investiture, Kennedy devait décider s'il fallait donner le feu vert à l'opération. Il convoqua ses conseillers – nous étions peut-être une vingtaine en tout – à une réunion au département d'État, et leur demanda ce qu'il fallait faire. Procédant à un tour de table, il sollicita l'avis de chacun. A une seule exception près – le sénateur J. William Fullbright (démocrate de l'Arkansas), qui exprima vigoureusement son désaccord – tous les présents se déclarèrent favorables à l'invasion. C'était une opération CIA, mais tous les chefs d'état-major interarmes la soutenaient. (...)

L'invasion eut lieu le 17 avril 1961 dans la baie des Cochons, sur la côte Sud-Ouest de Cuba. Elle se révéla vite, pour reprendre la formule d'un historien, un «échec parfait»: des agents de Castro avaient infiltré en profondeur la brigade; contrairement aux prévisions de la CIA, le peuple cubain ne se rallia pas en masse à l'invasion; Castro envoya des forces dans la zone plus vite et plus massivement qu'on ne l'avait prévu; la couverture aérienne du débarquement n'avait pas été correctement planifiée; la «sortie de secours» en direction des montagnes était à cent trente kilomètres, constitués de marais infranchissables; la main de Washington dans l'opération, une fois révélée, souleva l'indignation mondiale – la liste des bévues était interminable.

Le président Kennedy parla à la télévision nationale et assuma la pleine responsabilité de la débâcle. (RM 39-40)

CONCLUSION:

En dépit des intenses pressions de la CIA et des chefs militaires, [Kennedy] s'en tint à sa conviction – qu'il avait signifiée tout à fait explicitement aux exilés cubains avant les événements – qu'en aucune circonstance les Etats-Unis ne devaient intervenir militairement pour soutenir l'invasion. Il resta ferme sur cette position, même quand il devint évident que, sans ce soutien militaire, l'invasion allait échouer – ce qui se produisit. (MN 104)

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La crise des missiles de Cuba qui éclate en octobre 1962 constitue dans la politique de Kennedy, une césure. Le président des États-Unis a remarquablement manœuvré. Il a fait reculer l'Union soviétique et, conséquence indirecte, ouvert la voie à l'entente entre les deux Grands. (AK 469)

-- [AK] André Kaspi: Les Américains, Paris, 1986.

-- [MN] Robert McNamara: In Retrospect. The Tragedy and Lessons of Vietnam, 1995. (Seuil, 1996)

-- [CD] Catherine Durandin: La CIA en guerre, Paris, 2003.

-- [NC] Noam Chomsky: Intervention in Vietnam & Central America (dans: De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Marseille, 2001).


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