[ index ||| 1915 | 1919TZARA | MANIFESTES

7 février (1920)

Quelques jours après eut lieu dans une église transformée en cinéma, local du Club du Faubourg, sur l'invitation de cette association composée par plus de 3000 ouvriers et intellectuels, des explications sur le Mouvement Dada. Nous étions 4 sur scène: Ribemont-Dessaignes, Aragon, Breton et moi. M. Léo Poldès présidait sur la scène. Le public était plus sérieux ici: il nous écoutait. Son mécontentement se fit sentir par des cris très aigus. Raymond Duncan, le philosophe qui se promène dans le costume de Socrate à Paris, était là avec toute son école. Il prit notre défense et calma le public. Une partie contradictoire s'ensuivit. Les meilleurs orateurs socialistes s'étaient inscrits et prirent la parole pour ou contre nous. Nous répondîmes aux attaques et dans la salle il y avait comme de l'eau bouille. Aragon a écrit sur cette matinée mémorable une étude émouvante dans «Les Écrits Nouveaux».

-- Tristan Tzara: Œuvres complètes, Flammarion, 1975.

p.592 – QUELQUES SOUVENIRS: Original inédit en français (TZR 533, dactyl. 12 ff.), publié en anglais, avec quelques coupures: «Some memoirs of Dadaïsm», Vanity fair, New York, juillet 1922.


¬ Après une intervention de Raymond Duncan sur l'art et la morale, suivie d'un débat assez confus sur Dostoïevski, Barbusse et la beauté de la désertion, le public réclame Dada (...). Aragon se met alors à contester vigoureusement toute entreprise de vulgarisation, à commencer par le Club du Faubourg lui-même, puis Breton lit sous les huées le Manifeste Dada 1918 de Tzara, tandis qu'un groupe d'anarchistes prend plutôt le parti du mouvement et en vient presque aux mains avec les socialistes de l'assistance. Duncan reprend la parole pour féliciter les dadaïstes de leur «sincérité». et la séance se termine dans une confusion totale.

-- Gérard Durozoi: Histoire du mouvement surréaliste, Hazan, 2004, p.19


[ index ||| 1915 | 1919TZARA | MANIFESTES