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blade runner (1-2-3-4-5)

¬ premier constat, donc: cette ressemblance troublante entre la personnalité "androïde" et la personnalité "schizoïde", que jung décrivait par l'économie permanente des sentiments. un schizoïde pense plus qu'il ne ressent. il a du monde et de son propre discours une compréhension purement intellectuelle, abstraite, une réduction atomiste à un ensemble de constituants qui jamais ne forment une émotion, ni même une pensée réelle.

¬ le schizoïde fait partie de ces gens qui gardent toujours présent à l'esprit le fait qu'ils sont composés d'eau à 90%, ou que ce qu'ils appellent leur corps est en réalité un module de survie pour leurs gènes. plutôt que des sentiments face au monde, des pensées pour saisir ces sentiments, des phrases pour décrire ces pensées, des mots pour composer ces phrases, le schizoïde combine inlassablement des lettres, 26 lettres s'il est un homme ou, s'il est un ordinateur, deux chiffres: 0 et 1. il ne croit pas qu'il pense, mais que ses neurones s'activent; il ne croit pas que ses neurones s'activent, mais qu'ils obéissent aux lois de la chimie organique, et c'est sans doute ainsi que pense ou croit penser une intelligence artificielle: c'est en tout cas ce genre de pensée qu'on peut mettre dans son programme sous l'étiquette "conscience réflexive".

¬ en somme un schizoïde a une pensée de machine. et dick aurait été ravi d'apprendre qu'un des premiers cerveaux artificiels capables de subir avec succès une version point trop exigeante du test de turing était un programme du MIT appelé parry, qui simule un paranoïaque.»

txt source: emmanuel carrière - je suis vivant et vous êtes morts, seuil (paris), 1993.


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