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Tristan Tzara / DADA

DADA HISTORY

-- [FB] François Buot: Tristan Tzara, Grasset, Paris, 2002.
-- [TT] Tristan Tzara: Œuvres complètes, Flammarion, 1975.
-- [LH] René Lacôte & Georges Haldas: Tristan Tzara, Seghers, 1952.
-- [GD] Gérard Durozoi: Histoire du mouvement surréaliste, Hazan, 2004.

1896 (16 avril): Tristan Tzara naît à Moinesti (province de Bacau, Roumanie) sous le nom de Samuel Rosenstock. (TT 15)

1915 (automne): Tristan Tzara quitte Bucarest pour Zurich, où il s'inscrit en faculté de Philosophie et Lettres. (TT 15)

1916

ZURICH -- Hugo Ball souhaite créer un lieu ouvert à toutes les dissidences. Il imagine un cabaret pour se retrouver, débattre et danser. Avec sa femme, la danseuse Emmy Hennings, il trouve un local, une ancienne auberge.
¬ Le 2 février 1916, après quelques nuits blanches, toute l'équipe rédige un premier communiqué destiné à la presse. Fièrement, il annonce la création d'un «Centre de divertissement artistique».
¬ 5 février: inauguration. Tzara prend des notes: «1916 – naissance du Cabaret Voltaire
¬ Juin: sortie du premier numéro de Cabaret Voltaire, "plaquette plutôt sobre d'une trentaine de pages". -- "Sur les recommandations de Hugo Ball, on a évité tout débordement". (FB 56)
¬ 14 juillet: première soirée Dada, salle Zur Waag; Tzara y profère son premier manifeste. Publication: La Première Aventure céleste de Monsieur Antipyrine, bois gravés de Marcel Janco. (TT 16)

1917

¬ 27 mars (Zurich): ouverture de la Galerie Dada, 19 Bahnhofstrasse, où Tzara prononce une conférence sur l'expressionnisme et l'art abstrait.
¬ juillet (Zurich): Dada 1 sort des presses - Tzara dirige les opérations. "On y retrouve toujours une partie littéraire éclectique et internationale." Le Dada 2, qui paraît en décembre, est de la même veine.
¬ Tzara collabore à la revue de Reverdy, Nord-Sud, et à celle de Pierre Albert-Birot, SIC. C'est dans le numéro de septembre-octobre de cette dernière que paraît la capitale Note 6 sur l'Art Nègre, où l'on peut voir dès cette époque l'un des textes clés de son œuvre. Et c'est dans le numéro 4-5 de Nord-Sud (juin-juillet) que pour la première fois à Paris paraissent de ses poèmes. (LH 20)

1918

¬  juin: publication des Vingt-cinq Poèmes, bois gravés par H. Arp.
¬ décembre: publication de Dada 3. "Dada 3 est un brûlot anarchiste à la typographie radicalement nouvelle." (FB 57) -- Le principal intérêt de ce Dada 3 est bien la publication du «Manifeste Dada 1918» de Tzara.

1919

¬ 6 janvier: Mort de Jacques Vaché dans des circonstances "assez mystérieuses". (FB 82)
¬ Rencontre à Zurich de Tzara et Picabia, qui sera suivie de la publication conjointe de Dada 4-5 et de 391, n°VIII. (TT 17)
¬ Septembre: Tzara est arrêté à la terrasse du café Splendid (Zurich). Emmené au commissariat, il doit s'expliquer sur les raisons exactes de son séjour et sur ses fréquentations. (FB 34)

1920

¬ 17 janvier: Installation de Tzara à Paris, chez Picabia d'abord, rue Emile-Augier, puis à l'Hôtel, 12, rue des Boulainvilliers. (TT 17)
« Le 17 janvier 1920, Tzara arrive à la gare de Lyon. Mais dans la cohue, personne ne se retrouve. Dépités, Aragon et Breton n'ont pas vu Dada. Un peu perdu, Tzara décide finalement de suivre les recommandations de Picabia qui l'a invité. Il se rend rue Emile-Augier ». (FB 88)

¬ 23 janvier: Tzara est l'invité-surprise de la première matinée de Littérature (revue dirigée par Breton, Aragon et Soupault), où il intervient par la lecture d'un article de journal.
¬ 5 février 1920: "matinée Dada" au salon des Indépendants. Tzara diffuse une fausse nouvelle: l'adhésion de Charlie Chaplin au mouvement Dada et sa participation à la matinée. (FB 94)
« Ce programme attire une foule énorme à laquelle on lit à plusieurs voix des manifestes dadas au milieu d'un furieux désordre de clameurs et de projectiles, après quoi la salle doit être évacuée dans la plus complète obscurité.» (LH 26)
¬ Intense activité: Dada se produit au Club du Faubourg (7 février), puis une dizaine de jours plus tard (19 février) à l'Université populaire du faubourg Saint-Antoine. -- 27 mars: soirée Dada au théâtre de la Maison de l'Œuvre (où a été montré Ubu roi en 1896) -- le public y assiste à une interprétation de la Première Aventure céleste de Monsieur Antipyrine.
¬ 16 avril 1920: ouverture de la librairie-salon «Au Sans-Pareil» (une boutique désaffectée louée par le groupe afin d'y organiser des expositions).
¬ Picabia occupe tout le magasin avec une vingtaine d'œuvres dada. C'est Tzara qui a rédigé l'invitation et la présentation comme une petite bombe ultradadaïste (...). Le succès n'est pourtant pas au rendez-vous. Peu d'articles de presse. Il va falloir un peu de temps pour lancer le «salon Dada». (FB 105)
¬ 26 mai 1920: Festival Dada à la salle Gaveau ("le temple de la musique classique").

¬ Breton a le pressentiment de l'impasse dada: «Chaque fois qu'une manifestation est prévue – naturellement par Tzara qui ne s'en lasse pas – Picabia nous réunit dans son salon et nous sommes, l'un après l'autres priés d'avoir pour cette manifestation, des idées. Finalement la récolte n'est pas très abondante.» Le morceau de résistance étant inévitablement un texte de Tzara, en l'occurence une deuxième aventure de monsieur Antipyrine. (FB 107)

¬ Tzara dirige les deux derniers numéros de Dada: Bulletin Dada (n°6) et Dadaphone (n°7), en février et mars, et publie un recueil: Cinéma calendrier du cœur abstrait.
¬ Début juillet 1920, Tzara quitte Paris, direction Zurich ("Zurich est mort et antipathique. Il n'y a que l'air qui est très bon. Quel pays idiot!"). Le 11 juillet, il entame un voyage dans les "ténèbres balkaniques" – Bucarest, Athènes, Constantinople – puis un retour par l'Italie, où il convoque un Congrès Dadaïste. Eluard lui écrit: «J'ai bien envie de nouvelles manifestations dada. Revenez à Paris pour octobre. Elles auront le même succès que les anciennes.» (TT 111-115)
¬ Décembre: Tzara est de retour à Paris, et rejoint aussitôt Picabia pour une exposition qui ouvre le 9 décembre, rue Bonaparte. Au programme: des tableaux de Picabia, le jazz-band de Cocteau, une conférence de Tzara [Dada manifeste sur l'amour faible et l'amour amer]. (TT 117)

1921

¬ janvier: L'activité dadaïste reprend à Paris le 15 janvier par le sabotage d'une conférence de Marinetti sur le tactilisme.
¬ mars: Man Ray et Duchamp publient l'unique numéro de New York Dada.
¬ 14 avril: visite à Saint-Julien le Pauvre.
¬ mai-juin: première exposition de Max Ernst, Au Sans Pareil.
¬ 11 mai: Picabia annonce, dans Comœdia, sa rupture avec Dada.
¬ 13 mai: Tzara participe sans enthousiasme au «Procès Barrès», organisé par Breton et Aragon.
¬ 6 juin: Salon Dada, Galerie Montaigne, à partir du 6 juin. Cette exposition est fermée par le directeur à la suite des intempestives interventions de Dada au Concert Bruitiste se tenant dans les mêmes locaux. (TT 18)
¬ 14 juillet: Venant de New York, Man Ray débarque au Havre et se rend à Paris (où il retrouve Duchamp arrivé en juin).
¬ Été: durant un séjour au Tyrol, Tzara, Ernst et Arp conçoivent Dada au grand air.
¬ Automne: Picabia reste la vedette, grâce au double scandale que produisent à Paris ses tableaux montrés au Salon d'Automne. (GD 35)
¬ Décembre: exposition de trente-cinq tableaux de Man Ray dans la librairie Six (récemment acquise par Soupault).
¬ Les toiles ne sont visibles qu'après l'éclatement des ballons qui les cachaient. Mais rien n'est vendu, malgré la modestie des prix affichés; Man Ray n'en décide pas moins de s'installer à Paris. (GD 36)

1922
¬ mars: Dans son article «Après Dada» (dans Comœdia), Breton affirme que les «funérailles [de Dada], vers mai 1921, n'amenèrent aucune bagarre». (GD 39)
¬ 25 septembre: René Crevel donne une démonstration d'hypnose. Début des expériences de sommeils hypnotiques, dont le premier compte-rendu paraît dans Littérature en novembre 1923. (GD 45)

1923 (6 juillet): Soirée du Cœur à Barbe au Théâtre Michel; la représentation du Cœur à Gaz y est troublée par Breton, Aragon, Éluard, Péret. (TT 19)

1924: En publiant les Sept Manifestes Dada, Tzara exprime clairement son éloignement du Surréalisme en gestation.
¬ 11 octobre: ouverture du Bureau de Recherches surréalistes. (GD 68)

1929 (décembre): le groupe surréaliste se rencontre avec Tzara; celui-ci collabore au dernier numéro de La Révolution surréaliste à laquelle il confie un fragment de «L'Homme approximatif» et où se trouve le Second Manifeste du Surréalisme d'André Breton.
1931: Aragon quitte le surréalisme pour rejoindre le parti communiste.
1935 (mars): Dans une lettre aux Cahiers du Sud, Tzara annonce sa rupture avec le groupe surréaliste.
1940-44: poursuivi par le régime de Vichy à Sanary et par la gestapo à Aix-en-Provence, Tzara passe deux ans dans la clandestinité à Souillac, où il collabore à des périodiques issus de la Résistance.
1947: Tzara adhère au parti communiste français.
1963 (24 décembre): Tristan Tzara meurt à Paris, rue de Lille.

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