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Vietnam (1960-1973)

La guerre revêt deux aspects distincts. Le plus spectaculaire, c'est la guerre aérienne. Là, les Américains détiennent la maîtrise absolue. Les superforteresses volantes B 52 déversent leurs cargaisons de bombes au napalm et à billes. Les chasseurs-bombardiers opèrent d'innombrables sorties. En trois ans, près de 3 millions de tonnes de bombes ont été lâchées sur le Vietnam du Nord, la zone démilitarisée qui correspond au 17e parallèle et le Vietnam du Sud, soit une fois et demie de plus que les bombardements alliés de la Seconde Guerre mondiale. En outre, les Américains utilisent depuis 1961 des défoliants et des herbicides – comme l'agent orange – pour empêcher l'ennemi de s'abriter et mieux surveiller les abords des bases, des aérodromes et les routes. Un tiers de la forêt du Vietnam est atteint. Les terres arables et la faune, également. On a parlé à ce propos de la destruction d'un système écologique et inventé le terme d'écocide. On s'apercevra que l'agent orange exerce des effets cancérigènes sur les organismes humains. (AK 522)

Les bombardements auraient été une stratégie décisive, si le Vietnam avait été un pays industriel. La guérilla, elle, résiste bien. La pacification ne peut se faire par l'emploi de la seule aviation. Elle nécessite la présence de fantassins. Le général Westmoreland commande les troupes américaines de 1964 à 1968. Ses effectifs au Vietnam passent de 23'000 hommes en 1964 à 184'000 en 1965, avant d'atteindre le demi-million en 1968.

Mais à la différence de la guerre de Corée, il n'y a ni front ni batailles entre les grandes unités et l'infanterie n'a pas reçu la consigne d'envahir le Nord. Westmoreland pratique la guerre d'usure et fixe à ses troupes des missions aéroportées de commandos. En un point que l'état-major estime tenu par l'ennemi, des hélicoptères débarquent une compagnie qui établit une base. Les soldats cherchent le contact, attendent l'embuscade, tâchent de tuer le plus grand nombre possible d'adversaires, puis repartent. Ou bien encore, une zone est évacuée et les paysans sont regroupés dans des villages dits «stratégiques». La zone est alors pilonnée par l'artillerie et l'aviation. (AK 523)


L'offensive du Têt

Le 30 janvier 1968, les communistes lancent 70'000 hommes à l'assaut d'une centaine de villes du Vietnam du Sud. La guerre devient urbaine
. Le 31, un commando pénètre dans l'embassade des États-Unis à Saigon, et tient tête durant plusieurs heures aux forces américaines. (AK 525)

Evoquant l'offensive du Têt, Richard Nixon écrit: «Bien que ce fût une écrasante victoire pour le Sud-Vietnam et les États-Unis, le consensus universel de la presse fut que nous avions subi une défaite catastrophique». (AK 529)



-- [AK] André Kaspi: Les Américains, Paris, 1986.

-- [NC] Noam Chomsky: Intervention in Vietnam & Central America (dans: De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Marseille, 2001).

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