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Guatemala

-1954– Guatemala. Des mercenaires entraînés par la CIA au Honduras et au Nicaragua renversent, avec l'aide de l'aviation américaine, le gouvernement le plus démocratique que le Guatemala ait jamais connu. (Frédéric Cotton: Chronologie des interventions américaines)

Guatemala was freed of Spanish colonial rule in 1821. During the second half of the 20th century, it experienced a variety of military and civilian governments as well as a 36-year guerrilla war. In 1996, the government signed a peace agreement formally ending the conflict, which had led to the death of more than 100'000 people and had created some 1 million refugees. (The CIA World Factbook 2003)


Au Guatemala, par exemple, nous nous sommes arrangés pour interrompre, en 1954, une expérience démocratique. Il s'agissait pourtant d'un régime réformiste, capitaliste et démocratique, du type new-deal, que notre intervention a permis d'éliminer, laissant à sa place un véritable enfer sur terre, probablement le régime de la période contemporaine le plus proche de l'Allemagne nazie. Nous sommes ensuite plusieurs fois intervenus pour qu'on n'y change rien. En 1963, la probabilité d'une nouvelle élection libre inquiéta Washington. C'est pourquoi Kennedy soutint un nouveau coup d'État militaire.

A la fin des années 1960, le système terroriste qui avait nos faveurs n'ayant réussi qu'à renforcer la résistance interne, nous dûmes envoyer nos bérets verts [forces “qui relèvent de la CIA“] pour mener une campagne contre-insurrectionnelle qui fit entre 8'000 et 10'000 victimes. Le vice-président du Guatemala dénonça, à l'époque, les attaques aériennes au napalm menées par l'aviation américaine basée au Panama.

Il arrive qu'on lise dans la presse que les États-Unis ont cessé de soutenir militairement le Guatemala en 1977. Il semble bien que ce soit faux. L'aide militaire a continué à peu près au même niveau qu'auparavant. Il se trouve seulement que nous n'avons plus envoyé de bérets verts. Malheureusement, nous ne pouvons plus participer aussi activement que nous le souhaiterions à notre jeu préféré. (NC pp.48-49)

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Depuis que nous avons renversé le gouvernement démocratique du Guatemala, quelque 150'000 personnes ont été assassinées (selon le Comité des droits de l'homme au Guatemala, basé au Mexique bien évidemment) par les troupes armées soutenues par les États-Unis et parfois même avec la participation militaire directe de nos soldats. (...)

Le coup d'État de 1954, organisé par les États-Unis, fut considéré par John Foster Dulles, alors secrétaire d'État [son frère, Allen Dulles, est directeur de la CIA 1953-1961], comme un «nouveau chapitre glorieux» de notre histoire, dans «la plus pure tradition des États américains». Il est certain que la plus petite tentative d'apporter le moindre changement constructif dans cette chambre des horreurs imaginée par les États-Unis eux-mêmes n'a jamais provoqué de leur part autre chose qu'une nouvelle démonstration de violence. (NC pp.51-52)

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Trois succès redorent le blason de la CIA dans les années cinquante: le rétablissement du Shah d'Iran en 1953 qui avait été chassé par le mouvement nationaliste du docteur Mossadegh; la contre-révolution qui prend le pouvoir au Guatemala en 1954; la publication, deux ans plus tard, du rapport secret que Khrouchtchev avait lu devant le XXe congrès du parti communiste d'URSS. (André Kaspi, Les Américains, 1986, p.409)

Voir également:
- Grenade (1983)
- Nicaragua (1981-88)
- Salvador (1980-1990)

-- [NC] Noam Chomsky: Intervention in Vietnam & Central America (dans: De la guerre comme politique étrangère des États-Unis, Marseille, 2001).

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